Apocalypse 10 / 104 x 104 cm / 1988
Avons-nous devant les yeux l’œuvre d’un artiste naîf ou d’un enfant ? L’accumulation de motifs semble vouloir nous raconter une histoire. Mais a y regarder de plus près, le style nous renvoie instinctivement vers cet enfant qui ne ressemble pas à ses camardes. Son style est reconnaissable d’entre tous, garce à son geste particulièrement graphique entre figuration et abstraction.
Il s’appelle Keith Harring et il nous présente cette sérigraphie issue de la série Apocalypse . Il la réalise en 1988, l’année durant laquelle il apprend qu’il est atteint du virus du sida. Cette série est composée de 10 œuvres illustrées par les textes de l’écrivains Willliam S. Burroughs. Essayons de décrypter ensemble cette œuvre.
Une fleur éclose en icône religieuse traverse le format de bas en haut, le divisant en deux. On entrevoit une symétrie de part et d’autre de cette imposante tige verte. De chaque cotés, les mêmes symboles se répondent : des mains, des cercles, le rouge et le bleu. On essaie de recomposer une histoire avec tous ces éléments Mais par oú commencer? Quel est le sens de lecture ? Qu’importe, le principal est de trouver sa propre interprétation. A la manière du test psychologique dit Test de Rorschach, présentant des taches d’encre de couleur, l’artiste nous propose un questionnement individuel face à sa propre interprétation. Donnant l’illusion d’une véritable psychanalyse, la série « apocalypse » se compose de 10 œuvres, tout comme le test des taches présente 10 planches. La symétrie, le noir, le rouge et les couleurs pastels l’ensemble est profondément identique. Cette liaison nous porte encore un peu plus loin avec l’interprétation de chacune des œuvres de la série « Apocalypse » par un textes de Willliam S. Burroughs. Romancier américain principalement connu pour ses romans hallucinés mêlant drogue, homosexualité et anticipation, il est associé à la Beat Generation. Cette collaboration a été comme une évidence pour les 2 artistes qui étaient proches et partageaient beaucoup. Voici un extrait du texte qui illustre Apocalypse 10 :
Skyscrapers scrape rents of blue and white paint from the sky, the rivers swirl with color, nitrous ochres and reds eat through the bridges, falling into the rivers, splashing colors across warehouses and piers and roads and buildings, AMOK art floods inorganic molds, stirring passion of metal and glass, steel girders writhing in mineral lusts burst from their concrete covers, walls of glass melt and burn with madness in a billion crazed eyes, bridges buck cars and trucks into the rivers, the sidewalks run ahead faster and faster, energy ground down into sidewalks and streets by billions of feet and tires erupts from manholes and tunnels, breaks out with volcanic force
LET IT COME DOWN Caught in New York beneath the animals of the village, the Piper pulled down the sky.
© Speerstra Gallery / Marie Bourtayre / voix : Yann Marguet