Les pieds dans le sable depuis sa plus tendre enfance passée entre l’île de La Réunion et Bordeaux, Charles Foussard se nourrit de ce que la Nature a de plus beau à offrir : l’inattendu, le spectaculaire, l’énergie et la luxuriance des formes et couleurs. L’envie de retranscrire cette vision du monde embellie par de nombreux voyages, survient dans les années 2000 lorsque les blockhaus des plages landaises lui tapent dans son oeil averti de graffeur. Le déclic est immédiat, l’embarque dans un tout autre style loin des codes graffiti qui ont rythmé son adolescence. En continuant toutefois à manier la bombe de peinture, Charles Foussard s’adapte à ce support rugueux et historique bâti pour la défense : armé de perches et de rouleaux, connecté à la nature et au monde marin, inspiré par ses lectures anthropologiques, le jeune homme s’épanouit et développe rapidement un univers tant pictural que lyrique, qui lui est propre. Chatoyantes, intrigantes de fluidité, minérales et organiques, ses compositions surréalistes détonnent et surprennent sans attendre les réseaux sociaux qui le propulsent sur le devant de la scène.
En 2014, l’autodidacte est remarqué par Bernard Magrez, mécène français qui oeuvre à la mise en valeur du street-art et graffiti. Lauréat en 2016 du Grand Prix qui porte son nom, autour du thème de la Sagesse, Charles Foussard intègre par la suite en résidence l’institut de Bernard Magrez qui l’aide à davantage développer sa pratique avec à la clé, sa première exposition personnelle. L’occasion pour cet hyperproductif de s’abandonner dans l’intimité d’un atelier, sur des supports différents et ainsi aller plus loin dans ses explorations graphiques et mentales.
Car l’onirisme et la poésie embrassent l’art de Charles, qui aime naviguer entre le tonal et le nagual. Respectivement le rationnel et l’irrationnel, ces deux notions ont été révélées au grand jour par l’anthropologue Carlos Castaneda, fin connaisseur des cultures chamaniques mésoaméricaines. De quoi fasciner Charles qui s’abandonne à son intuition et laisse l’inspiration venir au fil de la création, telle une écriture automatique réalisée à coup de pinceau. Si dans ses compositions la végétation est toujours aussi opulente et les récifs ondoyants, Charles Foussard n’en écarte pas moins la présence humaine, identifiée par des personnages aux allures bonhommiques nommés par ses propres mots «Pépouzes». Ils trouvent place comme étant l’action de l’homme, voir son inaction même, se font allégories de la condition humaine. © Speerstra Gallery 2019